Olympie n'en finit pas de faire rêver. C'est ici, dans la douce et verdoyante vallée de l'Alphée, que le monde grec se réconciliait le temps d'une trêve rituelle, à l'occasion des jeux donnés en l'honneur de Zeus, dieu suprême de tous les Hellènes. Vous visiterez ces ruines en imaginant les gloires et les déceptions des innombrables athlètes qui se sont succédé dans le stade ou dans la palestre. Vous vibrerez enfin à l'évocation de l'idéal de paix que symbolisent, encore aujourd'hui depuis que le français Pierre de Coubertin les a ressuscités, ces Jeux Olympiques où les Anciens oubliaient querelles. Olympie, décidément, n'est pas un site archéologique comme les autres. C'est une utopie devenue réalité.
Olympie dans l'histoire
L'origine mythique des jeux
Les Anciens situaient à Olympie la victoire de Zeus en lutte contre son père Cronos, d'où l'association des jeux avec le plus grand des dieux. A cette légende s'en ajoute cependant une autre : celle de Pélops, fils de Tantale. OEnomaos, roi de Pise, en Elide, savait par un oracle qu'il serait tué par son gendre. Aussi imposait-il aux prétendants de sa fille Hippodamie une épreuve terrible : un concours de chars où le vaincu perdrait la vie. Comme il possédait une paire de juments douées d'une rapidité extraordinaire (Arès en personne les lui avaient offertes), le résultat lui avait toujours été favorable : douze ou treize prétendants avaient payé leur audace de leur vie lorsque Pélops, chef des Achéens, se présenta. Il séduisit le cocher d'OEnornaos, Myrtilos, qui s'arrangea pour qu'une roue du char de son maître se détachât du moyeu durant la course. D'après une autre légende, il ensorcela par un maléfice les chevaux d'OEnornaos qui s'emballèrent et tombèrent dans un ravin. Pélops, vainqueur, tua le roi et conquit à la fois Hippodamie et le royaume de Pise. L'oracle s'était réalisé. Plus tard, Héraclès aurait organisé à Olympie les premiers jeux en souvenir de la victoire de Pélops. C'est l'ensemble de ces mythes que le monde grec célébra d'une seule voix à partir de 776 av J-C, date de naissance officielle des jeux d'Olympie.
Olympie ou le rêve unitaire
Pise assuma effectivement l'administration des temples et la présidence des jeux, au nom de la Confédération des seize villes d'Elide. Elle perdit son rang au profit d'Elis en 471 av. J-C, qui fut alors reconnue suzeraine d'Olympie grâce à l'appui de Sparte. Les démêlés d'Elis avec ses voisins arcadiens et même avec Sparte, au cours des Ve et IVe s. av. J-C, n'empêchèrent jamais la célébration régulière des fêtes. La cité religieuse se constitua peu à peu grâce à la générosité d'une clientèle de villes et de princes et grâce à l'habileté de ses administrateurs. Les fêtes périodiques qui accompagnaient la célébration des cultes firent de cet endroit le rendez-vous de tout le monde grec. Là, à la faveur de la trêve sacrée, les différents peuples de race grecque oubliaient un instant leurs discordes et l'hellénisme prenait conscience de son unité. Le sanctuaire olympique, enrichi par la dévotion des fidèles, devint un véritable musée où chaque peuple grec retrouvait les souvenirs et les archives de son histoire. Il avait même fonction de centre diplomatique où se réglaient les affaires des particuliers et des Etats. La célébrité des concours, la solennité de la foire tenue dans le voisinage du sanctuaire, maintinrent jusqu'au déclin du monde païen la tradition du pèlerinage olympique et en firent un congrès cosmopolite d'amateurs et de curieux.
Zeus est oublié
Au IIe s. av. J-C apparaissent les Romains. Le déclin d'Olympie est alors incontestable, mais la prospérité revient avec les César. Après Hadrien, au IIIe et au IVe s. apr. J-C, Olympie n'a plus ni rôle politique ni rôle religieux. La foule accourt aux fêtes, curieuse, mais sceptique et irrespectueuse. « On ne t'offre plus de sacrifices, dit Lucien à Zeus, on ne couronne plus tes statues, si ce n'est par hasard.» Cependant, la fête est célébrée jusqu'en 393. A cette date, l'édit de Théodose 1er interdisant les fêtes païennes interrompt la vie depuis longtemps languissante du sanctuaire. Théodose II ordonne la destruction des temples en 426, et celui de Zeus n'est pas épargné. Une ville byzantine s'élève sur les ruines de l'Altis, puis un hameau de bergers étend ses cabanes entre le temple de Zeus et le stade.
Les fouilles
Dès 1723, un savant français, Montfaucon, et le cardinal Quirini, archevêque de Corfou, s'intéressèrent à l'exploration d'Olympie. Puis ce fut le tour de Winckelmann et Richard Chandler. Les premières fouilles furent faites en mai 1829 par les membres de la Commission de Morée, Bleuet et Dubois. Le savant historien Ernst Curtius reprit en Allemagne l'idée de fouilles plus complètes, gagna à cette cause son élève le prince impérial Frédéric (le futur empereur Frédéric III) ainsi que l'empereur Guillaume 1er En 1875, un traité ratifié par la Chambre grecque autorisait l'Allemagne à faire les dépenses des fouilles. Les travaux durèrent jusqu'en 1881. Ils reprirent en 1936-1941, puis à partir de 1952.